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Projet Womexile : 40.000 réfugiés d'après-guerre répertoriés

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18/05/2022 - Recherche - Archives générales du Royaume

Il y a 8 mois était lancé le projet WOMENEXILE, consacré aux réfugiées politiques. Une base de données comprenant 40.000 noms de réfugiés d'après-guerre est actuellement en cours d'élaboration. Cette base de données sera prochainement disponible sur le site internet des Archives de l'État.

Fin mars 2022, les Archives de l'État ont présenté l'état des lieux de la recherche, les sources des Archives générales du Royaume et les résultats préliminaires du projet Womenexile lors d'une journée d'étude sur l'immigration d'après-guerre et lors d'une conférence à la Kazerne Dossin (l'International Database Conference 2022 : Digitization and Databases of World War II Victims). Découvrez ci-dessous où en est ce projet.

Base de données sur les réfugiés

Les Archives générales du Royaume conservent une série sous-exploitée de dizaines de milliers de dossiers individuels de réfugiés provenant de trois organisations successives : l'ntergovernmental Committee on Refugees (IGCR, 1938-1947), l'International Refugee Organization (IRO, 1947-1951) et la représentation belge auprès de l'UNHCR (créée en 1952). Sans une base de données structurée, il est néanmoins plus compliqué de trouver les dossiers relatifs aux réfugiées politiques, faisant l'objet du projet Womenexile. Une base de données a donc d'abord été créée pour la période 1945-1958, sur base des registres de réfugiés produits par les organismes susmentionnés. Cette source - un instrument de recherche concernant les dossiers des réfugiés - sera prochainement accessible. Les réfugiés entrés sur le territoire belge durant l'entre-deux-guerres, quant à eux, sont déjà mieux documentés, par exemple grâce aux passeports Nansen. 

Actuellement, 40.000 noms ont été encodés dans la base de données relative aux réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à l'année 1953. La base de données devrait contenir 60.000 noms jusqu'à l'année 1958.

Les femmes constituent une minorité de la population réfugiée ; un peu moins de 20 % des noms figurant actuellement dans la base de données sont ceux de femmes. Néamoins, souvent, seul le nom du chef de famille est enregistrée dans le registre des réfugiés, même si son épouse a voyagé avec lui et que les documents relatifs à sa demande de reconnaissance figurent dans le dossier commun. Ainsi, même en tant que réfugiées, les femmes sont le plus souvent restées dans l'ombre de leurs homologues masculins. 

Défis dans la recherche de femmes réfugiées politiques

L'un des points de départ du projet Womenexile consiste à identifier les centaines de femmes qui étaient à la fois réfugiées et reconnues comme étant actives politiquement. La tâche est ardue vu le nombre de réfugiés. La consultation tous les dossiers serait trop longue. Les échantillons aléatoires ont donné des résultats limités. La recherche s'est donc concentrée sur les réfugiées militantes.

Hélène Nowak

Voici, à titre d'illustration, un cas que nous avons trouvé à travers les fichiers des résistances armées.

Nowak est un nom de famille polonais courant. Parmi les dossiers des résistants armés conservés par ordre alphabétique aux Archives générales du Royaume, figurent ceux de quelques Nowak masculins et quelques candidates féminines non reconnues portant le même nom, mais également le dossier d'Hélène Nowak, née en 1911 à Recklinghausen. Sa demande de statut de résistante armée a été approuvée. Cette Polonaise d'origine allemande était membre du Mouvement national belge et du groupe de résistance polonais POWN (Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance), populaire parmi les immigrants polonais en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Selon son dossier de résistance, son mari polonais était également actif dans ces deux mouvements de résistance patriotique. Hélène Nowak servait de point de liaison entre les branches de la résistance française et belge ; elle transportait des munitions et suivait les ordres secrets de son commandant. Elle a opéré dans la région du Borinage (Hautrage, Tertre) et en France. Le fait qu'elle ait été membre de deux mouvements de résistance patriotique peut être considéré comme une forme d'agence politique. Après la guerre, Hélène Nowak a été reconnue par l'ONU comme réfugiée (d'origine polonaise).

Conservé aux Archives généralse du Royaume, son dossier individuel de la Police des étrangers fournit davantage d'informations sur le passé d'Hélène Nowak. Celle-ci vivait en Belgique depuis 1930 et avait épousé Czeslaw Zaczyk, un mineur d'origine polonaise. Cependant, ce dossier ne fait mention d'aucune activité politique. Le dossier ne fait, en outre, pas référence à son action dans la résistance armée pendant la guerre.

La base de données mentionnée ci-dessous a permis de retrouver son dossier de réfugiée. Celui-ci était au nom de son beau-père. En 1951, Hélène et son mari ont demandé à l'Organisation internationale des réfugiés d'être reconnus comme réfugiés politiques au motif qu'ils ne reconnaissaient pas le régime communiste de Varsovie, qu'ils restaient fidèles au gouvernement polonais en exil et refusaient, en tant que catholiques, de retourner dans une dictature communiste qui privait beaucoup d'entre eux de leur liberté. Le fait qu'ils aient été actifs dans la Résistance belge durant la Seconde Guerre mondiale est mentionné dans le formulaire d'inscription - un document riche en contenu qui révèle également des informations détaillées sur les anciens lieux de résidence, l'enseignement suivi, le parcours professionnel suivi, etc.

Le cas d'Hélène Nowak démontre que d'autres pistes doivent être explorées afin d'identifier les femmes réfugiées politiques. Il prouve également qu'une comparaison complémentaire entre les différentes archives gouvernementales - dossier des réfugiés, des étrangers, de la résistance armée, etc. - est indispensable pour retracer le parcours des femmes réfugiées politiques. Le dossier individuel des étrangers manque parfois d'informations pertinentes qui peuvent être retrouvées dans le dossier des réfugiés.

Ce n'est qu'en juxtaposant les pièces du puzzle provenant d'autant de sources différentes qu'il est possible de reconstituer le plus complètement possible le parcours du réfugié en question.

     

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